L'Académie (jdr)

Ceren avait suivit le mage à la sortie de l'auberge mais s'était montré surprise qu'il prenne le chemin de l'Académie des Mages. Le trajet fut plutôt rapide et la ménestrelle n'ouvrit pas la bouche. Le maître mage lui montrait la voie, serpentant dans les rues vides. Il pensait certainement que les miliciens pourraient retourner sur place vérifier de leur présence mais...elle ne pouvait s'empêcher de sentir une certaine gêne. Cependant ils pénétrèrent dans le bâtiment et franchirent deux portes massives. Enfis ils arrivèrent dans une cour vaste et déserte, une petite brise soufflait et la jeune femme s'assit en tailleur sur le muret, ne pouvant s'empêchait de regarder autour d'elle pour vérifier qu'aucun sage ne trainait dans les environs.
Raistlin parlait d'une façon plus détendue:

"Pendant quelques secondes je me suis demandé si nous allions réussir à nous en sortir... mais vous vous êtes très bien débrouillée, bien joué."

Ceren accepta le compliment en souriant.
"Merci, il suffisait de suivre le rôle que vous aviez immaginé."

Malgrés tout la gêne la reprit, elle essaya de la faire passer en observant un peu plus le lieu où elle se trouvait, des murs gris comme presque partout et une impression de calme. Cependant ça ne passait pas et elle s'éclairci un peu la george avant de parler:

"Je ne pensais pas qu'on pouvait venir ici...ça donne une impression étrange. Le savoir doit être diffusé à toute la cité mais je croyais que seuls les mages et leur apprentis accédaient à l'Accadémie...enfin depuis quelques minutes je suis votre "apprentie"."

La chat de la ménestrelle déboula du toit du bâtiment et se lova contre ses genoux. Un moment cette dernière faillit s'endormir car Raistlin restait silencieux mais heureusement ça ne dura pas et elle secoua un peu sa tête pour chasser la fatigue puis elle reporta son attention sur le mage, plongé dans ses pensées.

"L'attitude de ces miliciens n'était pas normale...enfin...la méfiance se répand dans la ville et j'ai entendu dire que le roi était absent et l'intendant également...mais bon je ne suis pas qualifiée pour parler d'ordre public."

La ménestrelle sourit encore, la paix ne l'avait jamais vraiment préocupée. Distraitement elle entrouvrit le livre que la jeune homme avait laissé dépasser de sa besace, de la magie bien sur. Puis elle se rendit compte de ce qu'elle faisait et le remit vivment en place avant qu'il ne réagisse.
*Mais qu'est-ce qui te prends?*




(HRP : désolée c'est un peu court mais je ne savais pas trop comment démarrer la suite de la taverne)

Après que Raistlin ne se soit assis sur le banc, il resta concentré. Concentré sur quoi, il n'aurait pas pu le dire... Son esprit était ailleurs. Il était comme possédé par une force plus importante. Il entendait la voix de la ménestrelle, mais il l'entendant comme étant très lointaine, comme si elle venait d'une pièce loin de l'endroit où se trouvait le mage, et non pas à côté de lui. Raistlin n'avait pas la force -ni la volonté- de comprendre ce qu'elle disait, et encore moins de lui répondre, sans qu'il sache vraiment pourquoi. Son regard se dirigea vaguement vers le deuxième bâtiment de l'Académie, celui où il avait acheté deux des grimoires qu'il avait pu étudier depuis son arrivée à Minas Tirith. Etait-ce cet endroit qui provoquait une sensation étrange en lui ? Non, c'était impossible : ils n'avaient pas un seul mage efficace dans le bâtiment, et ils devaient encore moins posséder d'artefact assez puissant pour gêner un mage en pleine possession de ses moyens -même si Raistlin ne correspondait pas vraiment à la définition, il se savait immunisé aux attaques magiques.
Raistlin ne réagit pas non plus lorsque la ménestrelle parla pour la deuxième fois. Il était à peine davantage sorti de sa torpeur. Il était au moins conscient de la présence de la jeune femme, mais cela lui posait un problème : il se rappelait du destin assez... tragique qui avait frappé tous ceux qui s'étaient approché de lui par le passé. Non pas qu'il ait quelque chose à voir avec cela, mais il avait vu les deux personnes qui comptaient le plus pour lui mourir dans des situations injustes. D'abord Sturm, son seul ami, mort pendant une épidémie alors qu'ils étaient jeunes. Ensuite Fizban, son maître, mort attaqué par des orcs alors que Raistlin l'avait laissé seul. Les deux fois Raistlin avait ressenti de la tristesse, un vide immense, et de la culpabilité. Culpabilité de ne pas avoir pu les aider, de ne pas avoir été à leur côté à la fin, et enfin de ne pas les avoir accompagné dans la mort.

*Et qu'est-ce que cela aurait changé ? Il y aurait un mage de moins dans le monde, c'est tout. Et jamais la magie ne serait respectée. Tu as un travail ici, tu l'as promis à l'Art. Et à Elle.*

La mention de la dernière personne fit frissonner Raistlin, qui leva méchaniquement ses yeux au ciel. Il observa la lune un certain temps (étonnamment bien visible, alors qu'on était en pleine journée), sachant qu'elle cachait quelque chose d'autre, que seuls les Istaris, et les mages ayant passé le Test savaient. Elle cachait cette personne à laquelle Raistlin avait fait cette promesse. Cette personne qui lui garantissait au moins de ne pas mourir en vain.
Le mage fut sorti de ses pensées lorsqu'il vit la ménestrelle remettre un livre dans sa besace. Son propre grimoire, écrit dans le langage de la magie. Elle aurait pu le lire entièrement, elle n'y aurait rien compris. Heureusement pour elle, puisque le maître de Raistlin avait piégé ce grimoire, par le passé : tout mage ou apprenti lisant ce grimoire sans l'accord de Raistlin perdrait la mémoire. Toute sa mémoire, remontant jusqu'à sa plus tendre enfance. Mage ou apprenti capable de lire le langage de la magie, s'entend. Sinon, Ceren aurait subi le même châtiment : même si le fait que Raistlin l'ait considérée comme une apprentie pour se débrouiller avec les miliciens, elle en avait le statut tant que le mage ne l'en aurait pas défaite. Pendant quelques secondes, le mage se demande s'il allait le faire. Peut-être serait-elle intéressée par la voie de l'Art, même s'il en doutait...

"Excusez-moi, j'étais perdu dans mes pensées... dans mes souvenirs plus précisement."

Raistlin resta silencieux quelques secondes, lorsque les images de Sturm et de Fizban apparurent devant lui, puis il les chassa rapidement. Il voulut reprendre la parole, quand quelqu'un hurla :

"Une sans-magie !!!! Vite, à l'aide !!!"

Le mage se leva. Il avait reconnu la voix. Il se retourna droit vers la personne qui avait hurlé et laissa tomber sa capuche.

"Faikus..."

Le jeune apprenti ouvrit des yeux immenses en voyant Raistlin. Leur dernière rencontre ne s'était pas très bien passée -surtout du point de vue de l'apprenti en fait- et il ne tenait pas à s'éterniser en la présence du mage.

"Euh... FAUSSE ALERTE ! RENTREZ CHEZ VOUS !"

Raistlin hocha la tête calmement. Il montrait ainsi à Faikus qu'il passait l'éponge sur cette "interruption". L'apprenti n'eut pas à se faire congédier deux fois -ni même une seule- et il partit en courant vers le premier bâtiment que Raistlin et Ceren avaient traversé pour venir. Son furet le suivit rapidement. L'animal jeta un oeil derrière lui avant d'entrer dans la pièce, et poussa un cri en voyant Raistlin remuer les lèvres. Il partit en courant en hurlant :

"PAS DE SORT ! PAS DE SOOOOOOORT!"

La scène fut suffisamment comique pour que le mage éclate de rire. Pas son rire froid, glacial, effrayant. Un rire franc, comme il n'en avait pas eu depuis longtemps. C'était le rire d'un jeune homme qui ne riait pas souvent, pas assez... Son rire était empreint de tristesse, mais elle était camouflée. Camouflée par la joie étrange qui possédait le mage à présent. La crise de rire se termina rapidement, Raistlin étant incapable de respirer. Sa toux revenait. Il toussa, du sang giclant sur le muret où il avait été assis quelques minutes plus tôt. Il tomba à genoux, continuant à tousser. Le sang ne dépassait plus ses lèvres, mais il ne faisait qu'accentuer sa gêne et, entre deux quintes de toux, il crachait rapidement le précieux liquide rouge qui l'empêchait de respirer. Sa toux ne l'avait plus frappé aussi violemment depuis longtemps. Il croyait même qu'il allait arrêter de respirer... définitivement. Mais la toux se calma. Puis elle s'arrêta tout simplement, comme si elle n'était jamais arrivée. Cela avait-il un rapport avec la personne qui s'était rapprochée ? Le mage ne pouvait pas le dire, étant donné que sa vue était rendue floue par la douleur et le manque d'air. Il ne savait même plus où, ni quand il était, ou bien même avec qui. Il entendit une voix lui parler, et se concentra pour en saisir les mots...

[HRP : et moi je ne savais pas vraiment comment enchaîner... alors voilà =D]

Ceren sifflota un peu et regarda avec plus d’attention sa harpe pour vérifier que le milicien ne l’avait pas abimée ce qui aurait en fin de compte été impossible. Mais comme elle l’avait pensé, l’homme l’avait saisie en attrapant fermement certaines cordes et elle devit la ré-accorder. Utilisant une petite clé elle se mit donc à faire sonner chacune des cordes puis à réajuster le boulon qui la maintenait tenue contre le cadre. Le bruit de son travail ne semblait pas affecter Raistlin, plongé dans ses pensées. La ménestrelle put voir plusieurs fois des plis se former sur son front, des minuscules vaguelettes au milieu d’un étang doré…un peu trop poétique. Ses yeux se levèrent vers le ciel avec une expression étrange comme si quelque chose vivait au dessus des nuages. L’esprit de la jeune femme commença à s’évader, réfléchissant à ce qui pouvait bien occuper les pensées des mages qui travaillaient ici.

Puis il sembla revenir…elle ne trouva aucun autre mot correspondant.

"Excusez-moi, j'étais perdu dans mes pensées... dans mes souvenirs plus précisement."

Ceren s’en était bien doutée et elle fit de même continuant à accorder sa harpe. Elle se souvenait de la façon dont son père lui avait appris à le faire au milieu d’un champs. L’air soufflait dans les feuilles de l’arbre sous lequel ils étaient assis et lui caressait la harpe de sa fille en lui transmettant sa science. Les quelques poils un peu revêches de sa barbe ondulaient bizarement avec le brise. Elle se rapellait aussi de l’expression qu’avait eu sa sœur la fois où…

"Une sans-magie !!!! Vite, à l'aide !!!"

La ménestrelle bondit et chercha une arme mais elle n’en portait aucune, le mage murmura quelque chose un nom étrange, elle vit un jeune garçon apparaître. Un peu abasourdi il sembla reconnaître Raistlin et cria aux autres mages de ne pas s’inquiéter puis il disparu avec son animal, un peu affolé.

Apparement cela amusa Raistlin car il commença à être prit d’une crise de fou rire. Ceren sourit un moment puis remarqua que le rire du jeune homme devenait étrange. Il ne semblait pas naturel et d’un coup il se mit à tousser et à cracher du sang qui gicla un peu partout. Ceren le vit tomber et continuer à rejeter le sang qui encombrait sa gorge. Elle s’approcha et essaya de le prendre par les épaules pour le relever mais il continuait de cracher et elle n’y parvint pas. Puis tout cessa, le mage restait agenouillé et un peu étourdi.
*Qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’est-ce qui lui arrive ?*

Ceren se mit à sa hauteur et essaya de le secouer un peu tellement il avait l’air étourdi.

« Ca vous arrive souvent ? Vous devriez vous reposer et aller aux maisons de guérison. Je vous y emmène. »

La ménestrelle agrippa le mage et parvint à le relever. Puis en le soutenant elle se dirigea vers la porte de l’académie. Soudain elle s’arrêta à mi-chemin.

*Il n’est pas en état de répondre, il faudrait mieux attendre qu’il soit un peu plus conscient avant de l’y emmener*

Elle fit donc demi-tour et réussi à traîner Raistlin jusqu’à une plate-forme herbue sur laquelle elle le déposa et le laissa reprendre son souffle. Quand il eut l’air plus apaisée elle lui reposa la même question.« Alors ? Vous voulez aller aux maisons de guérison ? »

Raistlin repoussa rapidement la ménestrelle, usant alors d'une force qu'il ignorait posséder. Celle-ci recula, et peut-être même tomba-t-elle. Le mage ne s'en souciait plus.

"Ne m'approchez pas ! Ne me touchez pas !"

Il s'apprêtait à dire qu'il ne voulait pas de la pitié de qui que ce soit, mais il n'en eut pas le temps... Une autre quinte de toux fit surface. Le mage plaça sa main devant sa bouche, mais réussit à se déplacer pour récupérer ses possessions. Sa sacoche et son bâton. Il ne se retourna pas et avança vers la sortie de l'Académie.
Il avait mal au crâne. Mais la douleur était étrange. Ce n'était pas une simple douleur physique. Une douleur psychologique, infligée par la honte de s'être ainsi affaibli devant quelqu'un qu'il ne connaissait pas, accompagnait la migraine qui provenait de beaucoup de choses...
Le mage tituba légèrement lorsqu'il s'approcha de la porte, et il dut s'appuyer sur le battant de celle-ci avant de reprendre sa route. Il profita de ce répit pour essuyer ses lèvres pleines de sang et sortit, ne jetant toujours pas un regard en arrière. Il entendait des pas, mais il ne pouvait pas dire qui marchait, pas plus qu'il ne voulait le savoir. Il était possible que Ceren le suive, comme il était possible qu'il s'agisse d'un apprenti trop curieux. Dans tous les cas, le mage ne s'intéresserait pas à cette personne. Son esprit était embué par la colère, la honte, et la faiblesse récurente de son corps. Un voile grisâtre était tombé devant ses yeux, l'empêchant de voir autre chose que des formes floues qui se décomposaient et mouraient devant lui. Des passants, dans la rue. Le mage en jeta un au sol d'un coup de bâton bien placé. Il était trop lent, il l'empêchait d'avancer. Le passant se releva, mais ne se plaignit pas, quand il aperçut la main dorée qui tenait le bâton qui l'avait frappé. Un autre passant percuta Raistlin, mais le mage resta ferme sur ses pieds, et ce fut la personne qui recula légèrement au moment de l'impact, renversant le vase empli de lait qu'elle portait. L'homme en rouge percuta quelques autres personnes sur sa route, avant de s'arrêter quelques secondes. Ce fut à ce moment qu'il sentit un contact. Une main sur son épaule. Une poigne ferme, qui ne le lâcherait pas tant qu'il ne se retournerait pas. En désespoir de cause, il fit demi-tour et fit face à une nouvelle forme grise et morte, qu'il ne pouvait identifier tant sa migraine était violente. La forme articulait des mots, que le mage ne comprenait pas. Il fallut quelques secondes avant qu'il n'en identifie certains.

"Vous... quoi... appelle... heure."

Quelques secondes de réflexion permirent au mage de mieux comprendre ce qu'on lui disait, se servant des sons qu'il avait entendu plus tôt pour combler les trous.

"Vous êtes sourd ou quoi ? Je vous appelle depuis tout à l'heure !"

Le mage leva les yeux au ciel et répondit rapidement.

"Oui je le suis. Utilisez le langage des signes ou un tableau d'ardoise pour me dire ce que vous me voulez..."

Il souffla rapidement, et attendit la réaction de son interlocuteur, le voile gris ne quittant pas ses yeux. Pas plus que la migraine ne quittait son crâne.

Surprise par la réaction brutale du mage, Ceren tomba sur le sol et se coudes s'écrasèrent avec un petit craquement sur les dalles froides. Elle aurait pu se relever mais jugea plus prudent de ramper un peu plus loin avant de se redresser, au cas ou Raistlin aurait un autre mouvement imprévu suceptible de l'envoyer à quatre pattes. Ele s'éloigna donc de quelques mètres en ondulant par terre.

*Espérons que personne ne passe par là*

Puis enfin relevée elle se retourna vers Raistlin qui rassemblait ses affaires et s'éloignait en toussant. Il n'avait pas du apprécier d'être vu dans cet état et encore moins qu'elle lui propose son aide.
Il fallait mieux ne pas insister. Le mage n'avait pas l'air dans son état normal, titubant presque, Ceren commença alors à le suivre, se doutant que cela ne lui plairait pas mais qu'il n'était pas en état de s'en rendre compte. Elle gardait une distance très raisonnable, suffisante pour distinguer de loin la cape rouge nyée au milieu de la foule. Soudain une des têtes disparu et Cerne éclata de rire en constatant que Raistlin commençait à faucher systématiquement tout ceux qui se trouvaient sur son passage. Cependant elle ne fut pas la seule à le remarquer et un garde quitta son poste pour interpeller le mage, il le héla d'abord mais ne reçu aucune réponse et se mis à le suivre comme Ceren mais de plus près. Enfin il le rejoignit et l'aggripa par derrière. De loin cela semblait un peu confus alors la ménestrelle se rapprocha et finit juste derrière eux.
Le mage semblait être devenu presque sourd et aveugle et le garde s'échauffait de plus en plus croyant que l'autre se moquait de lui. Ceren toucha légèrement le bras du gondorien:

"Je crois qu'il n'est pas en état de vous répondre vous devriez le laisser passer."

Le garde se retourna brusquement et braqua ses yeux furieux sur la jeune femme:
"De quoi vous vous mélez? On peut être mal sans faucher les autres dans la rue!! Dégagez!!!"

C'était complétement stupide mais Ceren ne put pas se retenir et alors que le garde revenait au mage elle lui asséna un coup sur la tête puis s'enfuit alors qu'il tombait lourdement.

*Non mais tu perds la tête, c'est du grand n'importe quoi...*

Elle continua à courir un peu pour distancer les collègues du garde qui s'était mis à la suivre puis elle s'arrêta au coin d'une ruelle, bien sur Raistlin avait disparu.
*Tant pis, je n'aurai pas du l'aider, encore moins en m'y prenant n'importe comment*

Ceren s'engouffra alors dans la taverne la plus proche pour essayer de faire passer son accès de stupidité dans l'hydromel.