Nouvelle réunion des capitaines

Quelques minutes après avoir été réveillé par Kenneth, Berethor avait expliqué à Theodred la teneur de la réunion : tous les capitaines devaient apprendre qu'est-ce que Berethor avait fait, et pourquoi il l'avait fait. Et ils devaient aussi apprendre que Theodred occuperait le poste de Berethor si une quelconque absence avait lieu... ou un décès...

Berethor s'était ensuite dirigé vers son appartement, où il avait récupéré quelques affaires plus "gondoriennes" que celles qu'il portait à présent. Sur son chemin, tout le monde s'inclinait. La nouvelle s'était répandue... Les murmurres étaient aussi présents en permanence. Il faudrait s'y faire, le temps qu'Elegost ne revienne...
Et le comportement des passants était le même lors du chemin retour... Berethor retourna dans la salle du trône, et vit que Theodred était toujours là.

"Je vais me changer. Alors à part si tu veux te rincer l'oeil, j'aimerai que tu te tournes..."
"Si jamais je devais observer quelqu'un se changer, ce ne serait pas toi, imbécile !"

Theodred se retourna, et ne vit pas le sourire de Berethor.

*Au moins, avec lui, rien n'a changé... Et c'est ce que je voulais. Qu'il change de comportement à cause de ce que j'avais fait m'aurait attristé, il n'y a pas à dire.*

Berethor ôta la partie supérieure de ses vêtements, et les plia avant de les poser au pied du trône de l'Intendant. Il se vêtit ensuite du haut de sa tenue de Garde de la Cour de la Fontaine : un haut noir, avec l'Arbre Blanc représenté dessus. Une partie du tissu retombait presque jusqu'au sol...
Berethor changea ensuite la partie inférieur de son vêtement. Son pantalon gris fut remplacé par un pantalon noir.

"Tu peux te retourner, j'ai fini."

Quand Theodred se retourna, Berethor était en train de remettre sa cape et son bandeau de Hâsharin. Il tenait absolument à garder ce symbole de son ancienne personnalité tant qu'il serait Intendant...

"Les capitaines ne vont pas tarder. Assis-toi, mon ami. Tu siègeras à ma droite pendant cette réunion."
"Et si j'avais envie de m'asseoir à gauche, ou de l'autre côté de la table, hein ?"
"C'est un ordre..."
"Tyran."

Berethor s'assit, et attendit que Theodred fasse de même...

Theodred se dirigea vers la chaise à gauche de Berethor mais celui-ci, l'ayant remarqué, la jetta à l'autre bout de la pièce. Theodred s'assit donc à la droite de Berethor.

"Il y aura à manger ?
-Non Theodred...
-Diantre, à boire au moins ?
-Theodred...
-Je te haïs..."

Theodred laissa tomber sa tête contre la table.

"Theodred, ne soit pas si désespéré...
-Mais j'ai faim...
-Moi aussi mais nous ne pouvons pas nous goinfrer en réunion en pourrissant sur des chaises !
-...N'empêche que j'ai faim...
-Je vais te donner un pain tu vas le sentir...
-Non merci...
-Tu n'as plus faim ?
-La bouffe des Hasharii, c'est pas mon truc...Au fait, tu as vu Jani ces derniers temps ?
-Non...Sauf hier, près des maisons de guérison...
-Cela ne m'étonne pas...
-Pourquoi ?
-Rien...Tu as vu Morten également ?
-Bien entendu, il aime de plus en plus la taverne...
-Non, il aime de plus en plus les bières..."

Berethor et Theodred furent pris d'un fou rire intense. Un garde les regarda l'air dubitatif, Theodred lui adressa la parole :

"Le rire vaut mieux que les pleurs, même dans des temps troublés..."

Le garde, le regarda avec une expression mélangeant étonnement et colère. Theodred décida de ne plus lui parler...

Berethor était content de ce petit instant de joie qui l'avait éclairé... Mais il était moins heureux du sort de la chaise, suite à la rapide insurrection de Theodred...
Et la réaction du garde à ce qu'avait dit Theodred n'avait pas plu à Berethor.

"Vous n'appréciez pas vos nouveaux dirigeants, soldat ?"
"Euh... ce n'est pas ça sire... en fait..." balbutia le garde
"Tu trouves peut-être que des dirigeants plaisantant au milieu d'une situation critique ne sont pas aptes à diriger le Gondor ?"
"Voyons, je n'ai jamais..."
"Eh bien tu te trompes ! Ce sont des machines sans émotion qui provoquent la destruction de leurs royaumes ! Des dirigeants humains, eux, peuvent faire preuve d'empathie, et se mettre à la place de leurs hommes ! Ce sont des dirigeants humains qui sont le plus aptes à éviter des massacres inutiles ! "

Le garde resta silencieux...

"Et voici le premier ordre que te donneras ton dirigeant humoriste : va chercher la chaise que j'ai lancé, et ramène-la à sa place..."

Voyant que le garde ne bougeait pas, Berethor ajouta :

"C'est un ordre venant de ton Intendant... Obéis !"

Berethor ponctua la fin de son ordre de colère. Faire transparaître sa colère était le meilleur moyen de se faire obéir.
Le garde s'exécuta, et il plaça la chaise à sa place originelle.

"C'est bien, tu sais déplacer un objet... Voyons si tu sais ouvrir les portes maintenant. J'attend plusieurs personnes, et j'aimerai bien qu'ils ne trouvent pas porte close..."

Le garde marmonna, et se dirigea vers les portes, avant de les ouvrir.

*Les autres ne tarderont pas à arriver normalement...*

Des pas claquèrent dans le couloir, et Amrod, vêtu de la tenue d'apparat des capitaines rangers, fit irruption dans la salle de réunion, où Berethor et Theodred siègeaient déjà.Son visage semblait tourmenté, celui d'un homme qui est pris dans le tempête et sait qu'il sera emprtée par elle,et ses yeux parraissait brûler.
Il se figea à quelques pas de l'entrée, et dit:
"je suis accouru aussi vite que j'ai pu lorsque j'ai reçu votre missive...Capitaine!"
Amrod avait volontairement refusé le titre d'Intendant à Berethor. Ce dernier allait devoir lui fournir de sérieuse axplication à propos de son "putch"...

Berethor vit Amrod accourir dès que les portes furent ouvertes. Plus que ponctuel... Son allure faisait comprendre qu'il n'était pas enchanté des nouvelles fonctions de Berethor. Et il le fit ensuite comprendre en utilisant le terme de "capitaine" pour s'adresser à Berethor...

"Eh bien, Lieutenant" Berethor utilisa ce mot pour rappeler à Amrod que, même sans sa prise de pouvoir, l'ancien Hâsharin lui était supérieur. "Prenez place à la table. Je vous fournirai des explications dès que tout le monde sera là. Je ne tiens pas réellement à répéter mes raisons autant de fois qu'il y a de capitaines : si j'ai tenu à ce qu'une réunion ait lieu, ce n'est pas pour tout expliquer individuellement..."

Berethor avait dit ça avec un visage neutre, celui qu'il utilisait lors des réunions du Conseil des Hâsharii...

*Je m'attendais à ce qu'il y ait des réactions de ce genre... mais il faut que je leur fasse comprendre qu'il n'y avait pas vraiment d'autre solution, et que je suis le mieux placé pour tenir le rôle d'Intendant tant qu'Elegost n'est pas là...*

"Tout ce que je dirai pour le moment, c'est que cette situation est temporaire... Cela durera le temps qu'Elegost ne revienne..."

[ Berethor étant partis en vacances, et les bataille commençant, on considère que ces évènement ont déjà eu lieu ...
Merci de votre compréhension, car les soldats attendent de combattre ... ]

[Berethor est en effet en vacances mais, finalement, il a accès à internet Je suis par contre d'accord pour considérer que cette réunion est antérieure à la bataille d'Osgiliath]

le visage d'Amrod se crispa un peu plus aprés la réponse froide de Berethor, mais il ravala ses objection et la terrible idée qui avait jaillie sous son crâne, et s'assit à la table que lui indiquait Berethor.
Aprés tout, peut-être lui serait il profitable d'attendre les autres capitaines...

Varamir vêtu aussi élégement que toute la confrérie des capitaines, se dirigea vers le palais de la Citadelle. Il circulait dans les rues de Minas tirith, en dessous d'un magnifique ciel bleu habillé de fin cumulus.

Varamir arriva à destination, il entra par la grande porte de bois qui était déjà ouverte et se présenta en retard à ses camarades. Il les salua et s'excusa, mais sans dire un mot. Puis toujours dans le silence totale il pris place après brièvement jeter un coup d'oeil sur l'intendant.

Varamir était neutre sur ce sujet, à vrai dire il s'en foutait presque. Un intendant est ce qu'il est, on se doit de lui prêter allégence et de le respecter. C'est comme ça et puis c'est tout. Il semblait discerner un léger accrochage entre Berethor et Amrod. Mais il n'avait pas entendu le motif. Quelle allaient être les nouvelles direectives du Roi? Varamir se le demandait, surtout que l'affront avec le mordor arrivait à grand pas.

Berethor vit Varamir arriver. Celui-ci était légèrement en retard, mais ce n'était pas bien grave. Ce qui comptait était sa présence, pas l'heure à laquelle il se présentait.
Avec son arrivée, la réunion de capitaines comptait tous ses membres...
Berethor fit signe aux gardes de sortir, et de fermer la porte derrière eux. Ensuite, il se leva et passa son regard devant tous les capitaines. Theodred et Kenneth étaient avec lui. Amrod semblait contre lui, et Varamir ne laissait rien transparaitre...

"Mes amis, je sais ce que vous pensez... Vous vous dites que je profite d'une situation tragique pour m'avancer à la place de dirigeant de ce royaume. Mais il faut que vous sachiez que je n'avais pas d'autre choix, et que cette situation sera temporaire : je rendrai son poste à Elegost dès qu'il sera de retour parmi nous, bien que j'ignore exactement à quel moment il le sera..."

Berethor fit une pause, avant de reprendre son annonce.

"Quant au Roi, il n'est pas malade. Il est parti, et a clairement énoncé qu'il ne voulait pas être recherché. Pour ceux qui ne me croiraient pas, voici la lettre dans laquelle il a annoncé cela."

Berethor fit un signe de tête à Theodred, qui donna la lettre à Amrod. Pendant que celui-ci l'examinait, Berethor décida de continuer à dire ce qu'il avait à dire...

"Maintenant que la situation de base est claire, je me dois de vous expliquer pourquoi j'ai décidé de prendre ce poste, et pourquoi je n'ai proposé à nul autre parmi vous de le faire... La première raison était la soudaineté de la disparition du Roi : le Gondor est dans une situation fragile, et l'annonce de son départ n'aurait fait qu'aggraver les choses. Et si j'avais attendu pour agir, même simplement le matin, la rumeur de son départ aurait déjà parcouru toute la Cité Blanche... Ensuite, vient la raison officielle : de chacun d'entre vous, je suis le premier à avoir offert mes services à l'Arbre Blanc, et j'ai le grade le plus élevé. Si un successeur avait dû être désigné de façon plus officielle, cela aurait logiquement été moi. Et enfin, j'ai décidé de prendre ce poste en fonction de mon passé : j'ai été un Hâsharin, et je sais en quoi consiste la direction d'un royaume. A peine vous entrainiez vous à combattre que j'avais déjà sous mes ordres tout le Harad. Et je pense qu'aucun de vous n'a jamais eu ce genre de responsabilité auparavant, je me trompe ?"

Aucune réponse ne vint. Berethor mit donc un point final à son discours.

"Voici donc les principales raisons m'ayant obligé à tenir le rôle d'Intendant pendant qu'Elegost n'est pas là. Si vous avez des objections, je suis prêt à les écouter..."

Amrod se racla la gorge. Sa bouche était sèche tant il tremblait devant ce qu'il allait dire.
Puis il prit la parole:

"Messieurs... La suite d'événements qui nous ont amené dans cette situation est fort étrange.
Premièrement ,le Harad, avec depuis peu le Mordor rallié à sa cause, nous a attaqué, et a remporté de graves victoires.
Puis ensuite, un certain officier, a convaincu Imrahil de tenter une expédition non approuvée par le Roi, et cela a causé son exil, ainsi que celui du Seigneur Elegost, qui décidé de quitter le Roi. Il est étrange de penser que l'officier à l'origine de ce trouble n'a pas jugé important de se manifester auprés du Roi, ni même de soutenir Imrahil... Et il est encore plus étrange et ...dérangeant de penser que cet officier a eu, il y a quelques années, tout le Harad sous ses ordres, et qu'il y est retourné depuis peu...
Pour finir s'ensuit la disparition étrange de notre Roi. Et bien sûr, l'officier pré-cité juge qu'il est dans son droit, à présent que le dernier obstacle à sa domination du Gondor s'est évanoui, de prendre les rènes du Royaume, pour le plus grand bien, cela s'entend.
Ce qui met le Gondor dans une situation fort étrange:les armées du Harad, invaincues jusqu'ici, aux portes de Minas Tirith, et un de leur seigneur, sur le trône."

Amrod n'osait pas regarder le autres capitaines.S'il s'était trompé...Berethor ne le pardonnerai jamais.
S'il ne s'était pas trompé non plus, d'ailleurs.

Berethor resta immobile pendant le discours d'Amrod. Il s'attendait à ce qu'un capitaine réunisse ces faits et les assemble, pour prouver à quel point le règne de Berethor était faillible. Mais Berethor savait quoi répondre...

"Tout d'abord, par rapport à la mission que j'ai commandé, et qui avait pour but d'éliminer un capitaine Haradrim. Quoi que l'on puisse en dire, elle a réussie, car les haradrims étaient présents en sous-nombre lors du précédent assaut d'Osgiliath, est-ce que je me trompe ? Et si j'étais de mèche avec le Harad, à quoi cela m'aurait-il servi de tuer un capitaine qui me permettrait de conquérir le Gondor ?"

Berethor souffla, mais reprit la parole assez vite pour ne pas être interrompu :

"Ensuite passons au bannissement d'Imrahil... Imrahil est l'une des rares personnes que je considère comme des amis et, si j'avais su que cette mission entrainerait son bannissement, j'y serai allé seul, sans le mêler à cela. De plus, je comptais parler au Roi de la situation, le soir où j'ai appris sa disparition. Vous pouvez le demander aux gardes qui étaient en faction ce soir là..."

Kenneth prit la parole :

"Je confirme. Sieur Berethor était venu demander une audience au Roi à propos de la mission d'assassinat qu'il avait dirigé..."
"Merci Kenneth. Si sa parole ne vous suffit pas, il y avait d'autres gardes, dont j'ignore le nom, qui étaient présent à ce moment-là. Pour le fait que j'ai eu le Harad sous mes ordres, cela ne vous dérangeait pas, lorsque j'amenais des cavaliers, des soldats et des mumakils pour soutenir notre armée contre d'autres Haradrims, si ma mémoire est bonne... Et ces Suderons qui venaient combattre à vos côtés étaient, comme moi, contre le Mordor, et contre le Harad. Pourquoi se seraient-ils sacrifiés par centaines en défendant la Cité Blanche, s'ils désiraient la conquérir ? Il faut ensuite savoir que je ne suis pas retourné au Harad récemment. Je l'ai traversé, mais c'est au royaume de Khand que je me suis rendu, pour des raisons ne concernant que moi, et n'ayant aucun rapport avec la politique du Harad, ou celle du Gondor... Et enfin, pour la situation dans laquelle nous nous trouvons... Cela peut en effet paraître étrange que l'un des anciens seigneurs de Harad, exilé par les autres, dirige actuellement le Gondor, pendant que les Haradrims nous attaquent, mais ne suis-je pas le mieux placé pour les combattre ? Le mieux placé pour savoir où et quand ils attaqueront, de quelle façon, comment les affaiblir avant qu'ils ne puissent nous détruire ? Et si jamais je ne vous avais pas parlé de mon identité d'ancien dirigeant de Harad, ce serait Berethor que vous verriez en face de vous. Le Capitaine des Gardes de la Cour de la Citadelle et des Gardes de la Cour de la Fontaine, qui a toujours combattu à vos côtés quel que soit l'ennemi, qui a failli mourir je ne sais combien de fois pour défendre la Cité Blanche. Ce serait lui, ce compagnon à qui vous auriez confié vos vies, qui serait en face de vous, et pas l'un de vos ennemis. Ainsi, je vous demande de vous rappeler qui je suis réellement. Ai-je déjà agi une seule fois à l'encontre du Gondor, ou même à l'encontre de l'un d'entre vous ? Ai-je déjà fait quelque chose nous ayant amené à notre perte ? Répondez-moi, maintenant, et dites-moi si je suis moins digne de confiance que n'importe lequel d'entre vous..."

"Si une fois ! Tu m'as pris une bière que j'avais payé un jour !"

Un silence suivit les paroles de Theodred...Berethor le coupa :

"Theodred...M'as-tu écouté ?
-Juste la fin...Parce que je me suis endormi....
-Je suis pris d'une grande lassitude...
-Je t'avais dit que je détestais les réunions !...Sans rien à manger en plus...Diantre...J'ai faim...
-..."

Berethor semblait sur le point de vouloir couper Theodred en petits morceaux...Beurk ça doit pas être bon...Hahem...

"Enfin...reprit Theodred...J'ai le pressentiment que certains ne sont pas d'accord avec Berethor, je leurs dirais juste que Berethor est l'un de mes meilleurs amis, je l'ai connu sans doute plus que vous tous réunis, pas seulement à la taverne mais aussi dans des batailles...Il a sauvé de nombreux gondoriens lors d'assauts du Mordor de part ses actes personnels que par les renforts qu'il nous envoyait du Harad. De plus, j'ai passé beaucoup de temps avec lui et je l'ai même accompagné lors de sa dernière excursion dans le désert et je jure sur mon honneur que jamais Berethor n'a monté de plan visant à destabiliser le Gondor...Je n'ai rien d'autre à dire si ce n'est que Berethor à un défaut : il se fiche du manque de nourriture de ses amis !
-C'est une réunion Theodred, pas un concours de tartes.
-Oui mais n'empêche que j'ai faim moi..."

Amrod restait debout, bamayant des yeux la tables. Il était évident que personne n'était de son côté .
Puis il reprit la parole:

"Il y a une différence entre être digne de prendre les commandes d'un royaume sans Intendant ni Roi et être digne d'être Intendant. Tu as peut-être prouvé ta valeur militaire mais celle-ci ne te donne pas le droit de prendre le contrôle de la Cité Blanche et de sa population. Le seul titre auquel tu puisse prétendre est celui de Commandant auxiliaire des armées, car les autres affaires ne sont pas de ton ressort."

Puis il tourna le yeux vers Varamir, dernier capitaine à être susceptible de lui apporter du soutien.

Berethor reconnaissait au moins une qualité à Amrod dans cette réunion : il était acharné. Il avait l'air d'être seul à penser ce qu'il avançait, mais au moins il s'exprimait. C'était bien, dans une certaine limite...
Berethor se leva, pour être au même niveau qu'Amrod. La position physique d'une personne par rapport à une autre pouvait être très révélatrice des rapports entre eux.
L'Intendant temporaire se décida à arrêter de discourir avec toute la salle, et de s'adresser à Amrod directement.

"Et connais-tu qui que ce soit de plus compétent que moi pour régner sur le Gondor ? Je n'ai pas que des faits militaires à mon actif, bien au contraire. J'ai été négociateur avec le Harad, j'ai parcourut plusieurs royaumes et me suis assuré qu'ils n'attaqueraient pas le Gondor. J'ai même eût l'occasion d'instaurer un pacte de non-agression avec le Royaume de Khand ! Si je n'avais pas fait cela, la Cité Blanche serait aujourd'hui assaillie par leurs troupes, qui auraient été engagées par les Haradrims. De plus, comme je l'ai précisé, et comme tu l'as répété, t'en servant comme un argument négatif, j'ai déjà regné sur un territoire dont la puissance militaire et la population dépasse celle du Gondor. Dans un désert, ce n'est pas d'un Commandant auxiliaire des armées dont on a besoin, mais d'un dirigeant qui sait s'occuper de sa population. Malgré les rumeurs comme quoi le Harad ne serait qu'un assemblage de tribus rivales qui passent leur temps à s'entretuer, je peux te dire que ce n'est pas le cas. Les tribus sont rivales, mais toutes sont unies sous la même bannière. Elles obéissent aux Seigneurs d'Umbar, que je dirigeais. Et en échange, leur survie est assurée, par la nourriture que nous envoyons, et les soldats qui les protègent. De même la vie à Umbar n'était pas très différente de celle que nous avons ici à Minas Tirith. Il y a des riches, des pauvres, des marchands, des ouvriers, des soldats... Des humains, rien de plus, rien de moins. Et sous mon règne, jamais Umbar n'a connu la famine, ni n'a subi d'attaques d'autres pays. Jamais la population n'a eût à se plaindre de la façon dont ils étaient dirigés. Et par ça, je pense aussi répondre aux qualités que l'on veut trouver chez un Intendant. "

Berethor se retint de sourire, et à la fois de pleurer en anticipant sa prochaine phrase...

"Penserais-tu que toi, Amrod, fraichement nommé Lieutenant, tu serais mieux placé que moi pour prendre ce poste ? Tu n'as jamais eu de responsabilité plus élevée que celle que tu as à présent. Tu ne sais pas ce que c'est de voir un homme dont tu as la charge mourir sous tes yeux à cause d'une mauvaise décision... Les Capitaines autour de cette table ont pû, eux, déjà juger de cela. Chaque capitaine a déjà eu l'occasion de rencontrer cette situation. Et une fois rencontrée, on change, on devient meilleur capitaine. Moi, j'ai déjà vu un village entier se faire raser sous mes yeux, au début de mon règne, car je n'avais pas mis un contingent assez grand à la défense de cet endroit. Je sais que c'est le genre d'erreur que je ne referais jamais, car je ne veux pas avoir à nouveau ce genre de poids sur la conscience. Alors, Amrod, Lieutenant des Rangers de Gondor, penses-tu que toi, ou qui que ce soit d'autre dans cette Cité, pourrait être un meilleur Intendant que je ne le suis ?"

[Désolé j'ai pas trop le temps pour poster.]

Varamir écoutait attentivemente discours des ses camarades. Mais sur son visage se lisait toujours la même expression. C'est à dire: rien! Il ne prenait partis pour personne. Enfin c'est ce qu'il laissait transparaitre, mais en vérité il savait qui avait raison. Mais il ne trouvait pas que l'autre camp avait tort.

Seulement la réunion sentait la répétition. De toute façon, que Amrod est raison ou non, l'intendant ne serait pas changer. Même si il y emploierais toutes les forces qu'il pourrait.

Enfin le capitaine de la cavalerie restait tranquille sans dire un mot, sauf en laissant un sourir s'esquisser sur le coin des ses lèvres. Lorsque la tension montait un peu. Mais si le discours continuait comme cela, il sentait qu'il allait prendre la parole...

Amrod se retint de pousser un bref soupir. Il savait que ce moment viendrai, quand Berethor s’abriterai derrière son « inexpérience ». En vérité ,il lui avait presque dit qu’il était inutile.
Alors il reprit une fois de plus la parole :

"Je n’ai jamais douté, Berethor, de tes capacités militaires, et je suis tout prêt à admettre que tu soit capable de gérer un pays. Cependant, le seul fait que tu sache faire éviter à un pays la famine, ou passer des traités avec les alliés de nos ennemis, ne te rend pas digne du poste d’Intendant. Si le Roi du Rohan avait eu vent avant nous du départ du Roi, et qu’il était venu prendre le titre d’Intendant, aurions nous obéis à ses ordres sans discuter ? Non, et tu sais que tu aurais été le premier à t’opposer à lui. Et pourtant, selon ton raisonnement, il est tout à fait « digne » de succéder à Elegost, puisqu’il sait mener une armée et gérer un pays. A-t-il pour autant des droits sur le siége d’Echtelion ?
De plus, lorsque le Gondor était un royaume sans Roi, avant la guerre de l’Anneau, jamais qui que ce soit, et encore moins un ancien Haradrim, n’a proposé de remplacer Isildur sur le trône. Certes il y avait en ce temps des Intendants, mais aucun d’entre eux n’avait
nommé »d’Intendant de l’Intendant » .La situation aujourd’hui n’est pas différente, car seul le Roi, et non pas le premier soldat à s’en trouver « digne », peut nommer l’Intendant, et en l’absence de Roi, le trône de l’Intendant doit rester vide, comme le fut celui d’Isildur durant plusieurs décennies.
Peut être n’y a-t-il pas dans le Gondor quelqu’un de plus digne que toi d’accéder à la charge d’Intendant, mais cet argument n’en est pas un. Qu’il y ai quelqu’un ou non pour te le disputer, tu n’est pas dans ton droit en prenant le titre d’Intendant, Berethor, car seul le Roi peut te le donner. En t’autoproclamant de la sorte, tu t’octroie un pouvoir que seul le Roi peut exercer, et tu prends les pouvoirs d’un Intendant, en bref, tu te nomme Roi, mais sans le titre.
De plus, je voudrais rappeler à tous ceux qui se croient déjà dans un royaume sans roi que la Lignée d’Isildur n’est pas éteinte, et que les dunedains ne sont jamais loin .Il suffirait de quelques recherches généalogiques pour découvrir le prétendant légal au véritable trône de Gondor, et je suis sûr qu’alors celui –ci serait prêt à nommer un Intendant.
Et tes raisons avouables doivent être bien faibles, Berethor, pour que tu en soit au point de me cracher ma propre « inexpérience » au visage. Tu prétends être « expérimenté » parce que tu as vu tout un village se faire raser par ta faute, et moi j’ai perdu toute l’Ithilien. Cela me rend-ce digne d’être Intendant ? Non, pas plus moi que toi n’avons le droit d’être Intendant."

Theodred regardait la scène, la réunion entre plusieurs capitaines s'était transformé en une conversation de deux personnes.
Après la réplique d'Amrod, Theodred prit la parole :

"Amrod, je suis tout à fait d'accord avec toi : personne dans Minas Tirith n'est digne de prendre le rôle de l'intendant..."

Theodred se leva, marcha autour de la table pour se rapprocher de Amrod, et continua :

"Je suis également d'accord que, par le biais de recherche généalogique, nous pourrions déterminer qui pourrait légalement s'assoir sur le trône de l'intendant, et même sur le trône du roi ! Mais le Gondor est dans une situation de crise ! Nous ne pouvons pas perdre de temps dans des histoires d'arbres généalogiques complexes et essayer de trouver un nouveau type qui pourrirait sur un trône alors que les orcs sont aux portes du Gondor !"

Tout le long de son discours, Theodred haussa de plus en plus la voix.

"Ce n'est pas le moment de se disputer pour des histoires de qui dirigera le royaume ! On croirait voir des hommes assoiffés de pouvoir se disputant la direction d'un pays ! Mais vous vous rendez compte qu'on est en guerre là ? Personne n'est intendant dans cette pièce ! Berethor a fait ce qu'il a jugé bon de faire, et je suis d'accord avec ce qu'il a fait...Que dira le peuple si nous lui annonçons qu'il n'y a plus personnes aux rennes du Gondor ? Pas quelque chose de bien je suppose...Berethor n'est pas l'intendant, mais il faut qu'il joue ce rôle, si il nous a convoqué ici ce n'est pas seulement pour expliquer pourquoi il a fait ça mais parce qu'il a également besoin de nous ! Je vous le répète, nous sommes en guerre ! Nous devons nous entraider..."

Theodred se calma :

"Il ne faut pas non plus affoler la population, c'est pour cela que nous devons faire confiance à Berethor, car il est le mieux placé pour diriger un pays, mais il n'est pas le seul à le diriger, nous sommes tous ici aptes à faire des propositions, mais il faut que nous en discutions calmement..."

Theodred, affamé et fatigué se dirigea vers la porte :

"Quant à moi, je ne veux pas perdre plus de temps ici à vous voir vous cracher dessus alors que le Gondor est sur le point de tomber !"

Berethor regarda Theodred avec étonnement, Theodred lui souria, et Berethor comprit que Theodred avait très faim...