Les Rues et Les Animations de Minas Tirith

[Ca me semble être l'endroit appropprié pour ce genre de sujet RP sans but précis... Vous pouvez y participer si vous le souhaitez.]

Le corps suintant de sueur, Raine termina ses exercices matinaux... Cinq-cents pompes réparties en dix séries de cinquante, Mille-deux-cents abdominaux répartis en multiples séries de cent à deux-cents. Et pas question d'y passer plus d'une heure à grands renforts de pauses.

En poussant un soupir satisfait, Raine se dirigea vers la porte d'entrée de sa soi-disante maison, en se demandant par quel procédé sa musculature s'harmonisait avec sa silhouette mince, au lieu de le transformer en une montagne de muscle. Dehors, il savoura un long passage raffraîchissant du vent. Le ciel était envahi de nuages d'un gris terne. Mais il ne pleuvait pas. Le temps parfait, selon Raine . A en croire certaines rumeurs, il aurait pu s'agir de ces nuages qu'envoyait en avant le Mordor pour masquer le soleil. Dans ce cas, ça serait bien de leur dire que même si on veut pas d'eux, on veut bien de leurs nuages, se dit Raine . Ca change du soleil de plomb.

La maison de droite donna signe de vie lorsque des voix s'élevèrent. Une dispute, apparemment. En hurlant comme ça, Minas Tirith tout entière aurait pu être mise au courant de leurs problèmes si la dispute du couple n'était pas complêtement inintelligible... Ca dura deux bonnes minutes, avant que Mme Gurdon [(Désolé, pas trouvé plus pourri comme nom )] ne sorte vivement dans le jardin, non sans lancer un "Maudit sois-tu! J'aurais dù écoùter ma mère! Elle percevait depuis le début quel genre d'homme tu étais réellement!"

Raine observa longuement la femme. Assez belle physiquement, Mme Gurdon ne faisait pas son âge. Certain auraient pu lui donner vingt ans là où elle en avait en réalité trente. Raine trouvait un côté comique dans la gestuelle exagérée des bras de Mme Gurdon tandis que celle-ci sortait en râlant. Cette femme donnait plus l'impression de jouer une comédie que d'être plongée dans une véritable dispute.

Son regard partit vers la gauche, et elle aperçut Raine . Leurs regards se croisèrent, l'un observant l'autre. Elle n'aimait pas ce voisin, ce regard plein de mépris qu'il lui portait... S'emportant , Mme Gurdon lança avec hargne :

"Qu'est-ce que vous regardez vous ! ! De quoi j'me mêle ? Hein ?!"

Soudain, toute la colère de Mme Gurdon s'évapora... Le regard de Raine avait revêtu une noirceur terrifiante...

*Si t'aimes pas que je te regarde, tourne-toi et rentre chez toi ! !*

Ce retour de boomerang s'était fait mentalement, mais Mme Gurdon le perçut peut-être mieux que s'il lui avait dit claîrement. Avec autant de vivacité que si le regard mauvais de Raine était un chien enragé tentant de sauter la barrière du jardin pour venir la dévorer, la Gondorienne fit marche arrière et se hâta de rentrer chez elle, en quête de réconfort et de protection. Il n'y eut plus aucune dispute dans la maison...

*Et voilà ! En un regard, je viens de sauver le couple des voisins! Mais c'est pas le tout; j'ai le boulot moi...*

Torse nu, le corps dégageant une forte odeur de transpiration, Raine se mit en route pour le poste de milice.

Il marchait au travers des rues, indifférent des regards surpris des passants de voir un homme à moitié à poil au milieu de la rue.

*Je fais ce que je veux. Ca vous dérange?*

Après tout, rien dans la loi du Gondor n'interdisait d'aller sans haut de corps... Et puis, dans un quart d'heure tout au plus, il serait au poste de milice. Là, il enfilerait sa bonne vieille tunique de milicien doublée de tout son équipement, et tout rentrerait dans l'ordre. Fini, le traumatisme de l'homme en pantalon marchant dans Minas Tirith ! Alors qu'il prenait une rue sur la droite, une voix maladive et tremblotante l'interpella.

"Hep! m'sieur ! Z'oré pas une tite pièce ?"

C'était un clochard. Non... Une véritable épave! A le voir, le vieillard semblait avoir vécu plus longtemps qu'un Elfe en trois vies... Il tenait dans sa main une bouteille de bière assez bien remplie. D'ailleur, ça n'était pas la seule... Vu son état, Raine se demanda quel liquide était le plus présent dans le corps du vieillard : son sang , ou l'alcool ?

"Une bouteille ne vous suffit plus pour vous ruiner la santé, vieillard sénile ?" demanda Raine en se dirigeant vers lui. Ce spectacle pitoyable lui donnait mal au coeur. Comment un homme pouvait-il perdre à ce point toutes formes de dignité?

"VvEUx-tu t'adresser à mOa avec plusss de respect ! Jjj'étais dans l'Armée autreffOIs! Ce Ppays m...me doit... Bbeaucoup ! Arrrh mon Dieu que Jj'ai la gorge sèèèchhhh !"

Le vieillard s'apprêtait à boire une gorgée lorsque Raine lui arracha la bouteille des mains.

"Ma BIERE ! ! se mit à hurler le vieillard en pleurnichant. Au VvOlEURr ! !
_Ca n'est pas une pièce ou de la bière qu'il te faut... C'est un bon coup de pied dans le derrière pour retrouver une once de dignité!"

Alors qu'il terminait sa phrase, Raine lança la bouteille qui termina sa course en mille morceaux contre le mur de la ruelle d'en face.

"NoOoOoN ! !"

Raine redressa l'homme et l'obligea à lui faire face.

"Si je te reprends en train de boire de l'alcool... Je t'expédie au poste de milice sur-le-champ. J'espère que c'est claîr!"

Sur ce, Raine lâcha le vieillard et se remit en route, non sans remarquer les regards hostiles des passants. Apparemment, aucun n'approuvait son acte.

*Oh, si vous n'êtes pas content, vous pouvez toujours lui refiler des pièces et de l'alcool... Mais ça n'est pas lui rendre service, bien au contraire... Vous ne ferez qu'enfoncer le poignard qui lui est planté dans le coeur.*

Il poursuivit son chemin en se rappelant la bonne vieille histoire :
"Si tu aperçois un enfant en train de se noyer dans l'eau, que fais-tu? Le sauves-tu , ou le laisses-tu se noyer en te disant qu'il n'avait qu'à apprendre à nager? se posa-t-il la question.
_ Je le sauve ! répondit-il sans hésitation.
_ Et si cet enfant se montre agressif, qu'il te repousse, car il a peur de toi? ajoùta-t-il.
_ Je le sauve quoiqu'il en soit! se jura-t-il avec entrain. "

Satisfait de ses réponses intérieures, il prit une longue allée commerçante . Elle était encore assez peu animée, mais il savait que dans une heure celle-ci serait pleine à craquer de bourgeois engraîssés.

Ils observaient tant bien que mal une foule qui tournait au ralenti. Il était presque midi, et l'allée commerçante, dont l'animation était à son comble, grouillait de monde.

*Oh oui, ça grouille... Ca grouille comme de la vermine!*

Aujourd'hui, à son grand regret, c'était à eux de venir patrouiller par ici. Raine avait depuis longtemps laissé tomber l'idée de rechercher quoique ce soit de suspect au milieu d'un monde pareil, et se contentait d'attendre que le temps passe.

*C'est pas ici que je me ferai un nom en tout cas... Sûr de sûr.*

A ses côtés, Agriac tentait désespérémment de guetter les alentours, à la recherche d'une situation où leur présence serait nécessaire. Raine l'appréciait pour ce trait de personnalité, pour son implication dans son travail, même si parfois comme maintenant, celà le faisait paraître presque stupide. Toutefois, il n'aimait pas ce qu'il considérait comme de la curiosité de Agriac à son égard. Il avait commencé à le surnommer intérieurement "toutou" lorsque celui-ci le suivait de partoùt et ne le lâchait presque jamais, avant de réaliser qu'ils étaient coéquipiers. Avec un soupir de frustration, Agriac donna une tape amicale à Raine .

"Qu'est-ce que je ne donnerai pour un bon vieux trébuchet, hein!"

Raine approuva en hochant la tête avant de se lancer dans une remarque haineuse.

"Tu vois toute cette foule de ramolies? Rien que dans cette allée, on a de quoi se retrouver en supériorité numérique écrasante face à l'envahisseur !"

Agriac commença à rire, mais Raine poursuivit sur le même ton sérieux.

"Ce que je veux dire c'est : mais qu'est-ce que le Gondor attend pour refiler des épées à tout ce beau monde? Regarde-les ! Ils vont inscousciants et heureux! Savent-ils seulement que nous sommes en guerre?! Et que nous avons perdu Osgiliath , ce qui fait que cette ville va très probablement recevoir le Mordor et le Harad d'un jour à l'autre, en pleine face!
_Ils refusent sans doute d'admettre la défaite en eux... supposa Agriac .
_Là, il ne s'agirait pas d'admettre la défaite, mais plutôt de se réveiller : nous sommes en guerre, les méchants arrivent, et si on ne se bouge pas pour les arrêter, eh bien ç'en est définitivement terminé des jours inscousciants de marché! Eh ouais, c'est triste, mais c'est ainsi! La liberté a un prix, qui se paye dans le sang.
Agriac prit le temps de réfléchir sur les mots de son collègue.
_Je dois reconnaître que tu dis la vérité, le jeûne...
_Dis-moi quelques chose que j'ignore, tu me surprendras. Conclut Raine .

Agriac laissa s'écoùler une bonne trentaine de secondes avant de se lancer dans un autre sujet de conversation...

"Au fait Raine ... Tu avais bu ?
_ Gné ?
_ Tu sais, ce matin! Quand t'es arrivé à poil au poste !
_ Qu'est-ce que je t'ai dit déjà?
_ Oups, pardon... Torse nu !
_ Mieux, mieux.
_ Alors ? T'avais bu?
_ Non, je n'avais pas bu, et de toute manière, je ne vois pas en quoi ça te dérange tant puisque de toute façon, me voilà en tenue de milicien à présent !
_ Ok... Ok... capitula Agriac .

Il ne souhaitait pas s'embourber davantage à ce sujet. En fait, il avait été stupide d'y faire mention, se dit-il. Ce matin, à l'entrée du poste de milice, il avait eu les yeux exorbités de surprise en apercevant Raine arriver aussi... Léger.

"Ma parole ! lui avait-il lancé lorsque celui-ci arrivait à son niveau. Mais que fais-tu à poil ?!
_ Je ne suis pas à poil , je suis torse nu ! lui avait-il répondu en s'arrêtant pour lui faire face. Et connaissant la loi sur le bout des doigts, rien n'interdit de se promener torse nu dans Minas Tirith à un milicien, en dehors des heures de service!
_ ... Certes , certes... avait reconnu Agriac .
_ Alors pourquoi, me prends-tu la tête avec ça!"

Puis il était parti dans les vestiaires pour enfiler son uniforme et récupérer ses armes.

"S'il-vous-plaît, pourriez-vous m'aider?"

Agriac s'extirpa de ce souvenir pas très agréable pour revenir immédiatement à la réalité. Quelqu'un s'adressait à Raine . A rêvasser, il ne l'avait même pas vu arriver. C'était une belle jeûne femme brune et mince, avec une queue de cheval , des yeux d'un bleu éclatant, et une robe blanche, qui s'adressait à Raine .

*Ca le fera peut-être décompresser un peu qui sait?* se dit Agriac .

"Que peut-on faire pour vous? demanda Raine . La jeûne femme lui indiqua une charette remplie de caisses juste devant l'épicerie face à eux._ J'aurais besoin d'hommes forts comme vous pour m'aider à décharger ceci et à l'emmener à l'arrière de mon établissement. Pourriez-vous m'aider?"

Un prétexte, se dit Raine. Elle n'avait nullement besoin de leur aide pour décharger ses trucs et ses machins de la charette. Ne le faisait-elle pas tout les jours? Sans compter qu'un gros bonhomme semblant être un autre dirigeant de l'épicerie, se trouvait déjà à l'intérieur. Pourquoi ne lui demandait-elle pas à lui? De son point de vue, Raine se disait qu'elle inventait cette histoire pour se rapprocher de lui afin de le draguer.

"Mais bien sûr Madame. intervint Agriac . Ce sera une joie de vous aider.
_ Parfait ! Suivez-moi. "

La jeûne femme commença à s'éloigner. Avec un soupir résigné, Raine emboîta le pas de Agriac vers l'épicerie. Au moins, ils auraient une occupation pour tuer le temps, se dit-il. Il y avait une douzaine de caisses bien lourdes à transporter, mais ça ne posa aucun problème aux deux miliciens qui les transportèrent à l'arrière du magasin. Agriac soufflotait un peu, mais celà ne l'empêchait pas de faire sa part. Tandis qu'il transportait la dernière caisse à l'arrière, la jeûne femme entama la conversation avec Raine .

"Vous avez bien travaillé dites-donc ! Je vous remercie infiniment pour votre aide! lança-t-elle joyeusement.
_Je ne fais que mon travail. retourna avec froideur Raine .

*En tout cas, ta bourse n'est pas en accord avec ta boûche... Même pas un foutu pourboire?!*

_Vous êtes du coin? demanda-t-elle avec enthousiasme.
*Dans le mille !*
_Ma vie privée ne vous regarde pas."

La jeûne et jolie femme eut le visage enlaidi par une expression ridicule de stupéfaction exacerbée. Agriac , revenant de l'arrière, marmonna un "Et m***e ! Trop tard!"

"Viens Agriac . Sortons. Madame n'a plus besoin de nous."

Ils sortirent, Agriac lançant un regard compatissant à la jeûne femme, et reprirent leur poste stationnaire pour un bon moment.

Le soir arrivait à grands pas, et Raine avait terminé le travail depuis un moment déjà. Il était rentré chez lui pour refaire des exercices, avant de ressortir. Mais cette fois, il s'était habillé entièrement. Il s'était dirigé vers la place à l'entrée de Minas Tirith où il se reposait maintenant, assis sur un banc. La place était étonnament déserte comparé à d'habitude. Seuls quelques passants traversaient la place sans s'attarder. Pour rien au monde Raine n'aurait souhaité les retenir. La solitude lui convenait très bien. L'approche d'une jeûne femme aux longs cheveux blonds attira son attention. Elle venait vers lui.

"Il y en a certaines qui seraient prêtes à s'entretuer, pour vous !"

*Gné ?*

"Un bel étalon comme vous, ça ne court pas les rues ici !
_...
_Je m'appelle Joanna ! Et vous c'est ... ?
_...
_...Là , vous me donnez votre nom en principe...
_...Excusez-moi.

Raine se leva du banc et quitta la place sous le regard étonné de la jeûne femme. Décidément, elles s'étaient toutes passé le mot! Mais lui, n'avait pas le temps de s'embarrasser d'une femme. Il avait d'autres projets, d'autres buts, et une femme ne lui serait d'aucune utilité.

Ils progressaient à travers les rues de la ville, au milieu d'une masse de bourgeois engraissés et de vils gueux. Pourtant ils n'étaient que peu ralentis par la foule, qui s'écartait de leur chemin au fur et à mesure qu'ils avançaient... C'était incroyable! La première fois qu'il pouvait se frayer un chemin dans la masse sans avoir à jouer des coudes ou à pousser les gens de côté! Même lorsqu'il était de service, les gens ne lui cédaient pas le passage aussi facilement!

*En même temps, qui voudrait rester sur le chemin d'un truc pareil ?*

Tout en étant à cette réflexion, Raine entama la conversation avec "un truc pareil" .

"Pour reprendre ta réflexion de tout à l'heure... Agriac n'est pas vraiment nouveau. Il est dans la milice depuis quelques années déjà. Celà dit, il n'est jamais monté en grade. Me demandes pas pourquoi! C'est un simple milicien; un milicien qui sait s'impliquer sérieusement dans son travail, mais un simple milicien quand même. Alors franchement, j'ignore autant que toi pourquoi on te l'a filé comme mentor..."

Raine eut soudain un petit rire.

"Oh mais j'y pense! Ca doit être les bizarreries de ce vieil ivrogne de chef de la milice... Moi par exemple, il y a quelques jours, on m'a chargé d'enquêter sur un voleur, et j'ai à peine eu le temps de me mettre à éplucher les rapports des archives, que le lendemain Agriac m'a dit de la part du chef d'oublier cette affaire insignifiante pour passer à autre chose! Alors je me demande comment on est censé prouver notre valeur, si on nous prive de la moindre opportunité aussitôt que celle-ci pointe le bout de son nez !"

Il ponctua sa phrase en poussant un soupir exaspéré, puis fit signe à Ragnar qu'ils tournaient à droite. Aussitôt que celui-ci se tourna vers la nouvelle allée, le centre commença à se dégager et à faire libre-passage au duo. Par-ci par-là des villageois se mettaient à murmurer entre eux, en regardant avec insistance le géant.

"Mais dis-moi... Tu ne sembles pas être de Minas Tirith , ni même du Gondor ... Qu'est-ce qui t'a conduit ici?

Ragnar appréciait de voir les gens s'écarter. La peur était une forme de respect, et il aimait être respecté. Parfois, si un passant prenait trop de temps à son goût, il le gratifiait d'un petit grognement presque bestial, dévoilant par la même occasion ses "magnifiques" canines. Il sentait que même son compagnon était légèrement mal à l'aise, même s'il ne le montrait pas du tout. Il tenta malgré tout d'engager la conversation... ou plutôt de la reprendre.

"Pour reprendre ta réflexion de tout à l'heure... Agriac n'est pas vraiment nouveau. Il est dans la milice depuis quelques années déjà. Celà dit, il n'est jamais monté en grade. Me demandes pas pourquoi! C'est un simple milicien; un milicien qui sait s'impliquer sérieusement dans son travail, mais un simple milicien quand même. Alors franchement, j'ignore autant que toi pourquoi on te l'a filé comme mentor..."

Le milicien ponctua sa phrase d'un léger ricanement. Il enchaîna avec une critique de la milice que Ragnar n'écouta que d'une oreille. En revanche, la dernière question de son compagnon exigeait une réponse, et l'homme du nord se dut de répondre :

"Quel sens de la déduction, je suis admiratif... Je viens de Forochel, dans le nord. A côté d'Angmar."

Ragnar resta ensuite silencieux. Il ne voulait pas en dire davantage, et le milicien le devinerait.

*Ouah, ça fait mal de se prendre son propre style de sarcasme en pleine figure ! Je l'ai toujours su que tenter de nouer des liens amicaux d'une manière ou d'une autre vous fragilisait mentalement et vous transformait peu à peu en poltron! C'est claîr, c'était la première fois depuis des années que je me montrais sympathique et serviable, et c'était bien la dernière!*

Raine se le répétait dans sa tête pour la douzième fois maintenant. Comme toutes les autres fois, Raine se consolait en se disant qu'au moins, il avait cerné en bonne partie le caractère de son futur équipier : associal et antipathique... Ils formeraient un sacré couple! Et puis, au moins ça avait le mérite d'être claîr, il n'avait pas envie de discuter. Bah tant mieux! Lui non plus n'avait pas envie en fait!

Ils poursuivirent donc leur route ainsi, en silence, à travers maoults rues de Minas Tirith , avant d'arriver devant chez Agriac , une habitation qui ne se distinguait pas par son originalité, à l'extérieure. Raine vint frapper à la porte. Quelques secondes après, celle-ci s'ouvrait sur une expression d'étonnement de Agriac .

"... Raine ???
_ Moi aussi ça fait plaisir , Agriac . ironisa Raine.
_ Mais comment... Comment sais-tu où j'habite ?? balbutia-t-il.
_ A mes heures perdues, j'aime me renseigner sur ceux qui font équipe avec moi. Et en fouillant dans la paperasse de la milice, il est aîsé de trouver toutes les informations que l'on souhaite sur chacun de ses membres."

Agriac resta un moment sans voix... Visiblement, la réponse de Raine n'était pas très réjouissante...

"Raine ? Est-il déjà arrivé que tu envisages qu'il existait des manières amicales de faire la connaissance ? Je ne sais pas, par exemple... Converser à la taverne, autour d'une bonne bière..."

Raine mima une scène de réflexion.

"Oui, il y a un peu plus d'une demie-heure . Probablement parce que le tavernier m'avait servi du lait alcoolisé... J'ai entamé la conversation avec un parfait inconnu et j'ai fait un bout de chemin avec lui, en m'ouvrant autant que j'en étais capable afin de faire plus amples connaissances... Mais je ne suis pas très satisfait du résultat. Néanmoins, il se trouve que le parfait inconnu est toujours avec moi... Peut-être qu'il sera plus réceptif avec toi, puisque c'est toi qu'il cherchait. Je te présente notre nouveau coéquipier..."

Raine s'écarta de devant Agriac . Celui-ci avait été si étonné par la présence de Raine qu'il n'avait même pas remarqué celui qui l'accompagnait.

Ragnar était resté souriant pendant tout l'échange entre celui qui, il l'avait deviné, s'appelait Raine et l'autre milicien : Agriac. Cela avait été assez divertissant, et très explicite quant au caractère des deux hommes. Raine semblait être assez proche de Ragnar sur son côté associal, mais il semblait aussi qu'il était beaucoup plus calculateur que l'homme du nord. Franc, mais calculateur. Etrange combinaison...
Agriac, lui semblait naïf. Et surtout, impressionnable. Il n'avait pas remarqué Ragnar - un miracle en soi - car il était effrayé par Raine. Mais maintenant qu'il venait de se rendre compte à qui il faisait face, il avait fait un pas en arrière, de façon totalement instinctive.

"Euh... bonjour..."

Ragnar tendit la main, et Agriac se cacha le visage en poussant un cri s'assimilant à de la peur.

"... Je voulais juste vous serrer la main."

Le milicien jeta un coup d'oeil rapide à travers sa très précaire protection, et tendit aussi la main. Lorsque Ragnar la lui serra, il eut l'impression qu'il n'aurait plus un seul os intact. Voyant la déconfiture d'Agriac, Ragnar décida d'en rajouter un peu. Il se servit de sa force et serra le milicien dans ses bras. Un "salut martial" en vigueur dans les clans du nord. Peu pratiqué avec des étrangers, pour une raison très simple : la douleur de dos qui suivait pouvait durer jusqu'à plusieurs semaines, si la personne saluée n'avait pas la musculature adéquate. Et Agriac ne l'avait pas.

"Heureux de travailler avec vous."

Ragnar resta silencieux quelques secondes, laissant Agriac marmonner quelques mots s'approchant de "Aïe aïe aïe... Je souffre... j'ai mal..." et autres choses du genre.

"Bon... c'est quoi le boulot ?"

Bien qu'il fut tourné vers Agriac, la question s'adressait avant tout à Raine, celui qui semblait être le plus efficace des deux miliciens.

"L'enfoiré... Il m'a pété le dos..."

Entendant cela, Ragnar sourit de toutes ses dents.

Raine afficha un large sourire à la vue de l'étreinte du barbare et de son équipier. A voir la tête de Agriac , celui-ci souffrait. *Niark!*

Heureusement pour lui, se disait-il avec amusement, si le barbare était traversé par l'idée farfelue de faire la même chose avec lui, on lui avait enseigné des fondamentaux de l'esquive. Car s'il s'agissait apparement d'une forme de salut, Raine ne serait pas surpris de le revoir employer cette technique au combat...


"Bon... c'est quoi le boulot ?"

Raine mit de côté ses réflexions personnelles pour donner son avis.

"Eh bien, actuellement, c'était "repos". M'enfin, puisque tu m'as l'air d'un grand gaillard motivé, allons voir si le chef n'aurait pas plus passionnant à nous proposer... Mais pas la peine de rêver, ça ne sera pas du spectaculaire!
_Mais Raine ...
_ Agriac , magne-toi on est parti... C'est toi qui est censé lui apprendre le boulot je te signale. Quelle image aura-t-il de nous si son mentor n'a pas un minimum de dynamisme?"

« Purée ! Ca tourne au vinaigre ! »

Il observait le déroulement de la bataille depuis un terrassement du second niveau. Lorsque l’heure de la bataille avait sonné, une foule de civils était venue s’agglutiner aux murs pour être spectateur de la « noble victoire du Gondor » , leur avait-on dit. La milice avait été envoyée pour s’assurer que les intéressés ne gênerait pas les manœuvres défensives de la cité.

De là où ils se trouvaient, la bataille se résumait surtout à des gros blocs de fourmis qui s’agitaient et se mélangeaient entre eux… Et aux Mumakil qui venaient les piétiner impitoyablement. Il n’était pas très calé dans le domaine de la guerre, mais il devinait que ça n’allait pas être la « noble victoire du Gondor » qu’on leur avait promis…
A côté de lui, des femmes éclatèrent en larmes à propos de leurs fils, époux, parents qui ne rentreraient pas.

« Dire que Raine est là-bas… » s’inquiéta Agriac en se mordant la lèvre.
« HUM HUM ! »
« J’aurais du raisonner ce pauvre crétin ! Il n’a vu que la prime et la promotion quand il s’en est allé à l’armée!
_ Agriac ? »
Agriac se tourna vivement, sans parvenir à y croire. Côte à côte avec lui, Raine lui jetait un regard dubitatif.
« …Raine ???
_ De retour parmi nous tant mentalement que physiquement ? lui demanda-t-il sans aucune empathie .
_ Mais tu… Tu es…
_ Je suis à côté de toi depuis que tu es là. Et avant, j’étais de service avec toi. On a même éloigné ensemble un gros gueux saoul qui avait rien trouvé de mieux à faire que d’aller gerber sur les bottes d’un capitaine ingénieur. Tu vas pas me faire croire que depuis tout ce temps, tu n’as pas remarqué que le gars qui t’accompagnait, c’était moi…
_ Eh bien euh…
_ Ah la la… Pauvre Gondor .» fit mine de se désoler Raine en reportant son regard sur la bataille qui faisait rage pratiquement au pied de la ville.
Soit très loin de là où il se trouvait.
«C’est un sacré bordel. Jugea Raine .
_ Bien d’accord , approuva Agriac .
_ Celui ou ceux qui ont ordonné cette sortie sont des abrutis. Agriac approuva une nouvelle fois, d’un hochement de tête. On va avoir du boulot à cause d’eux…»